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Il y a longtemps que l'horizon chorégraphique de Chopinot n'est pas celui de l'invention de gestes inouïs. Bien longtemps aussi que son art ne célèbre plus l'air du temps et s'assume au contraire dans le contretemps, comme on parle de contre-pouvoir. Si une urgence transparaît aujourd'hui dans le travail de la chorégraphe, ce serait de « trouer la réalité », de déchirer son trop-plein asphyxiant pour y faire béer du manque. Chopinot déploie un soin infini à ne pas méduser le spectateur, à ne lui asséner aucune image de complétude. Inlassablement, elle inscrit du vide, de la distance, de l'écart - à l'intérieur des corps (des danseurs comme des spectateurs), entre les corps, entre les corps et le monde.

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Annie Suquet in "Chopinot", 2010 (Éditions Cénomane)